Les villes et les régions unies pour défendre leur rôle lors du prochain budget européen
Lors de la Semaine européenne des régions et des villes 2025, les dirigeants locaux et régionaux d’Europe ont envoyé un message clair : l’avenir du budget de l’Union Européenne ne doit pas marginaliser ceux qui font vivre l’Europe au quotidien.
À travers deux grands événements — l’un organisé dans le cadre de la #CohesionAlliance et l’autre par le Forum urbain européen et l’Alliance Locale — le Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE) et ses partenaires se sont mobilisés pour défendre le rôle des communes, des villes et des régions dans l’élaboration et la mise en œuvre du prochain budget à long terme de l’UE pour la période 2028–2034.
Ces actions s’inscrivent dans un effort de plaidoyer plus large, lancé juste après les élections européennes, alors que les nouvelles institutions de l’UE commençaient à définir les priorités politiques du mandat actuel.
Défendre le partenariat et la cohésion

Le 15 octobre, des représentants élus venus de toute l’Europe se sont rassemblés devant le Parlement européen pour appeler les institutions européennes à garantir aux gouvernements locaux et régionaux des droits de partenariat complets dans la future politique de cohésion, et à résister à toute tentative de nationalisation ou de centralisation.
Dans une action symbolique à laquelle ont participé des membres du Parlement Européen (MPE), du Comité européen des régions et des associations territoriales européennes, les partenaires de la #CohesionAlliance ont adopté un appel en sept points rejetant la proposition actuelle de la Commission Européenne.
«Regrouper la politique de cohésion avec les politiques agricoles, de défense ou de migration », avertit le communiqué, « obligerait les autorités locales et régionales à se concurrencer pour les fonds au niveau national».
Un tel changement, ont souligné les participants, risquerait de déplacer le pouvoir de décision loin des régions et des villes — là même où les objectifs de l’UE se concrétisent.

«Compétitivité et cohésion sont les deux faces d’une même médaille», a déclaré Christoph Schnaudigel, coprésident du CCRE et président du district de Karlsruhe (Allemagne). « Les entreprises de nos villes ont besoin d’infrastructures, de logements, d’écoles et de réseaux à haut débit. La cohésion fait partie des traités : nous avons besoin de compétitivité et de cohésion ensemble. Sinon, l’argent disparaîtra avant d’atteindre les communautés locales. La Commission européenne doit nous écouter. On ne peut pas savoir depuis Bruxelles ou Berlin ce dont les territoires ont besoin — nous, nous le savons, au niveau local».
Les villes au cœur des priorités européennes
Plus tard dans la journée, les dirigeants locaux se sont retrouvés au Parlement européen pour un débat intitulé « Façonner le prochain budget européen avec les villes », organisé par le Forum urbain européen en coopération avec la Local Alliance.

Le message des dirigeants municipaux, des MPE et des institutions européennes était unanime : les priorités de l’Europe — qu’il s’agisse de la transition verte ou de la transformation numérique — ne peuvent réussir sans le renforcement du rôle des villes et des régions. Comme l’a rappelé Christoph Schnaudigel (CCRE) : « On ne peut pas connaître les besoins depuis Bruxelles. Nous, nous les connaissons depuis le terrain».
Pascal Smet, membre du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du Comité européen des régions, a mis en garde contre un risque de voir émerger «une Europe des États-nations».
D’autres dirigeants, tels que Peter Dermol, maire de Velenje (Slovénie), ont souligné le danger de perdre la confiance des citoyens si l’Europe ne tient pas ses promesses dans les régions en transition industrielle.
Depuis l’Allemagne, Eckart Würzner, maire de Heidelberg, a rappelé que « les villes sont les défenseurs de la démocratie » et qu’en l’absence de ressources adéquates, «nous nous lèverons pour protéger la dimension locale de l’avenir européen».
Anna Lisa Boni, adjointe au maire de Bologne (Italie), a appelé l’UE à faire de la prochaine Agenda for Cities « un phare » garantissant que le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) renforce, plutôt qu’il n’affaiblisse, le rôle des gouvernements locaux.
Les principales revendications du CCRE pour le prochain budget européen
Le CCRE mène déjà une campagne de plaidoyer intensive pour influencer la proposition de budget présentée par la Commission européenne.
Comme le précise le document « Budget de l’UE 2028-2034 : principaux changements, défis et opportunités pour les gouvernements locaux et régionaux », le CCRE formule sept demandes clés :
• Assurer une gouvernance multiniveau efficace et un partenariat significatif dans le prochain CFP
• Placer la cohésion et l’équilibre territorial au cœur du prochain budget de l’UE
• Garantir un accès équitable aux financements européens pour les gouvernements locaux dans l’ensemble des programmes de l’UE
• Renforcer le soutien aux gouvernements locaux dans le cadre de l’élargissement de l’UE et de l’adhésion des pays candidats
• Développer un programme européen dédié au renforcement de la démocratie locale
Ces propositions font écho au message porté par les dirigeants locaux tout au long de la Semaine européenne des régions et des villes : la force de l’Europe réside dans ses territoires.
Cohésion et compétitivité ne peuvent coexister que dans un véritable partenariat entre tous les niveaux de gouvernance.

Directrice – Politique et impact





