Ne répétons pas les erreurs de la Facilité pour la reprise et la résilience : les gouvernements locaux doivent participer à l’élaboration du budget à long terme de l’UE
Alors que la Commission européenne s’apprête à dévoiler aujourd’hui, mercredi 16 juillet, sa proposition pour le cadre financier pluriannuel (CFP) post-2027, l’attention se porte sur la manière dont l’UE façonnera sa stratégie d’investissement à long terme.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le montant des financements, mais aussi la manière dont ces ressources seront planifiées et mises en œuvre — et avec qui.
Lors de la conférence annuelle sur le budget de l’UE en mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a opéré un changement de ton.
Pour la première fois, elle a parlé non seulement de plans « nationaux », mais de « partenariats nationaux et régionaux pour les investissements et les réformes ».
Ce changement ne relève pas simplement de la sémantique — mais les paroles doivent être suivies d’actes. Sans mesures concrètes, même le langage le plus inclusif risque de rester lettre morte.
La nouvelle architecture d’investissement proposée s’appuie sur les leçons tirées de la Facilité pour la reprise et la résilience (FRR). Mais à moins de corriger une faille majeure de la FRR — à savoir le manque d’implication des acteurs locaux — les mêmes erreurs se répéteront.
Pour que ces partenariats soient couronnés de succès, ils doivent être co-construits avec les gouvernements locaux et régionaux qui seront chargés de leur mise en œuvre. De la mobilité verte au logement en passant par les infrastructures numériques, la réussite dépend aussi d’une gouvernance adéquate.
Heureusement, nous n’avons pas besoin de repartir de zéro. Le mot « partenariat » renvoie à un modèle existant : les accords de partenariat utilisés dans le cadre de la politique de cohésion. Ces accords exigent déjà que les États membres associent les gouvernements locaux et régionaux à l’élaboration des stratégies d’investissement.
Dans des pays comme la Pologne et le Portugal, cela a conduit à des investissements alignés sur les besoins réels du territoire — revitalisation des zones industrielles, développement du transport durable — montrant que lorsque les acteurs locaux sont impliqués, les financements de l’UE ont un réel impact.
Mais il ne s’agit pas seulement de financements. À l’heure où l’UE cherche à associer investissements et réformes, la gouvernance à plusieurs niveaux doit devenir un principe central de l’agenda des réformes. Nous appelons donc à :
- Une approche de co-construction pour les nouveaux partenariats en matière d’investissement et de réforme, avec des mécanismes transparents et structurés permettant l’implication des gouvernements locaux et régionaux dans la définition des priorités, tant au niveau national qu’européen (ex. : Semestre européen).
- L’intégration de la gouvernance à plusieurs niveaux dans la dimension réformatrice de ces partenariats, afin de garantir que les États membres ne se contentent pas de consulter, mais habilitent aussi les gouvernements locaux et régionaux à agir en tant que planificateurs et exécutants.
- Un modèle de financement respectant le principe de subsidiarité, avec des approches souples, ascendantes, et une concentration thématique moins rigide définie au niveau de la Commission, pour éviter la répétition des problèmes évoqués lors de la révision à mi-parcours de la FRR.
L’UE se trouve à un tournant. Le prochain budget à long terme est une opportunité de progresser vers une élaboration des politiques plus démocratique, ancrée dans la réalité et efficace — ou de répéter les erreurs du passé. Ne manquons pas cette chance. Faisons du partenariat la règle, et non l’exception.
Signataires :
- Christopher Schnaudigel est co-président du Conseil des communes et régions d’Europe (CCRE), vice-président de la section allemande du CCRE (RGRE) et président du district de Karlsruhe (Association allemande des districts)
- Ľubica Karvašová est députée européenne, vice-présidente de la commission du développement régional, coordinatrice Renew Europe au sein de la commission REGI
- Vladimir Prebilič est député européen, rapporteur sur la simplification de la politique de cohésion, coordinateur des Verts/ALE au sein de la commission REGI
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Cet article d’opinion a été publié dans EU Observer le 15 juillet 2025. Vous pouvez le lire ici
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Directrice – Politique et impact