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Journée internationale des droits des femmes : Parlons droits humains !


À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Dr Claudia Schöning-Kalender, membre du groupe parlementaire SPD au conseil municipal de Mannheim (Allemagne) et présidente du Comité permanent pour l’égalité du CCRE, a lancé un appel fort aux institutions européennes :

« Il est temps de traduire efficacement les paroles en actes pour l’égalité de genre. »

Une histoire de mythes et de réalités

Les femmes occupent une place importante dans la mythologie grecque : héroïnes, déesses, guerrières. Mais la réalité dans la Grèce antique était toute autre : elles étaient privées de droits fondamentaux, écartées de la sphère politique et de la vie publique. Malgré cela, Athènes est encore célébrée comme berceau de la démocratie, alors qu’elle en excluait la moitié de sa population.

Cette contradiction illustre une constante de l’Histoire : le progrès n’est ni linéaire ni garanti. Si l’Europe a franchi d’importantes étapes, ses avancées ont souvent été ponctuées de reculs ou d’inégalités persistantes, y compris en matière de droits des femmes.

Des progrès inégaux en Europe

L’exemple de la Suisse est révélateur : à la fin du XIXe siècle, elle attirait les femmes européennes désireuses d’étudier à l’université, un espace rare de liberté intellectuelle. Pourtant, le droit de vote n’a été accordé aux femmes suisses qu’en 1971, bien après la Nouvelle-Zélande (1893), la Finlande (1906) et la plupart des États membres actuels de l’UE.

L’histoire montre que les droits des femmes n’évoluent pas de manière homogène ni continue. Ce constat s’applique à tous les pays européens.

L’égalité politique : un enjeu démocratique

Des avancées notables ont été enregistrées : aujourd’hui, les droits civils et politiques sont acquis dans la majorité des pays européens. Mais ce n’est que récemment que le déficit de représentation des femmes dans la prise de décision est apparu comme une menace pour la démocratie.

Dès 1975, lors de la première Conférence mondiale de l’ONU sur les femmes à Mexico, un plan d’action soulignait que la participation égale des femmes à tous les niveaux de décision permettrait d’accélérer le développement et de promouvoir la paix.

Des engagements internationaux cruciaux

Il aura fallu attendre 1995, lors de la 4e Conférence mondiale sur les femmes à Pékin, pour que la communauté internationale reconnaisse officiellement que les droits des femmes sont des droits humains à part entière, avec des actions concrètes pour leur garantir.

Vingt ans plus tard, en 2015, les États membres de l’ONU ont adopté l’Objectif de développement durable n°5 :

« Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles »,
un objectif spécifique et transversal à l’ensemble des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) à atteindre d’ici 2030.

Le message du CCRE

Le CCRE appelle l’Europe à faire preuve de cohérence : les valeurs d’égalité et de droits humains doivent être incarnées dans les politiques locales, régionales et européennes. Comme le rappelle Dr Schöning-Kalender :

« L’égalité de genre ne peut pas rester un objectif théorique. C’est un fondement indispensable d’une démocratie vivante et inclusive. »

L’égalité en danger

Malheureusement, les défis et les catastrophes mettent en péril l’égalité et les droits humains. En cas de catastrophe ou de guerre, comme la guerre actuelle en Ukraine ou les récents tremblements de terre dévastateurs en Syrie et en Turquie, le fardeau de la survie repose en grande partie sur les femmes. Ce sont principalement elles qui protègent et nourrissent leurs familles, et qui servent leurs communautés. Comment se fait-il alors qu’elles soient si facilement oubliées, abandonnées ou maltraitées dans de telles circonstances ?

En plus de l’exploitation et des violences sexuelles que subissent les femmes en situation de crise ou de conflit, il existe une ignorance stupéfiante de leurs besoins en matière d’hygiène, de santé reproductive et de garde d’enfants. Pour relever ces défis de manière efficace et durable, il est impératif que la voix des femmes soit entendue et qu’elles aient une place égale à la table des décisions. Ce sont elles qui savent ce qui est en jeu et qui peuvent tracer la voie vers la sécurité, la paix et la prospérité. Il ne s’agit pas de dire que réparer les injustices du monde repose uniquement sur les épaules des femmes, mais que nous ne pouvons plus continuer à ignorer l’expérience, l’expertise et le potentiel de 50 % de la population.

Ma question est la suivante : comment se fait-il que dans l’Union européenne, où neuf personnes sur dix estiment que promouvoir l’égalité femmes-hommes est essentiel pour garantir une société juste et démocratique (Eurobaromètre spécial 465, 2017), cette conviction ne se traduise pas plus efficacement en actions concrètes ?

En tant qu’élus locaux, nous appelons à l’adoption rapide de la proposition actuelle de directive contre les violences basées sur le genre, une mesure décisive non seulement pour les femmes européennes, mais aussi pour celles qui fuient les guerres et les catastrophes et trouvent refuge dans nos municipalités. Nous comptons également sur les députés européens pour intégrer ces questions dans leur prochaine stratégie innovante d’aide humanitaire, en lien avec le nouveau chapitre 39 de la Charte européenne du CCRE pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale.

Comme le montrent d’innombrables articles de presse – et comme nous le constatons en tant que citoyens – qu’une femme soit riche ou pauvre, lesbienne ou hétérosexuelle, valide ou en situation de handicap, jeune ou âgée, cisgenre ou transgenre, le simple fait d’être perçue comme une femme suffit à l’exposer à la discrimination ou à être traitée comme une personne inférieure. Mettre fin à cette réalité est une responsabilité essentielle pour les gouvernements européens et pour toutes les organisations de la société civile qui se réclament des traditions démocratiques en Europe. Athéna ou Aphrodite font peut-être partie d’un passé mythique, mais partout dans le monde, leurs combats sont bien réels.

Cet article a été initialement publié sur Euractiv.