Dans un monde en crise, les gouvernements locaux réfléchissent à la manière d’anticiper les prochains méga-chocs
Le monde, et l’Europe en particulier, sont secoués par de multiples crises. Nous avons tous été touchés par la pandémie, le changement climatique et, désormais, une crise énergétique grandissante. Aussi graves soient-elles, nous savons déjà que d’autres grandes transformations sont à venir au cours de ce siècle.
L’ampleur des bouleversements à venir est impressionnante : phénomènes climatiques extrêmes, transition énergétique, évolution démographique et intelligence artificielle auront tous un impact profond sur nos sociétés dans les années à venir.
Anticiper et répondre à ces mutations nécessite à la fois une capacité de prospective efficace et la contribution de tous les niveaux de gouvernance. C’est pourquoi, à l’occasion de sa retraite annuelle, le Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE) a organisé avec le Service de recherche du Parlement européen (EPRS) un événement conjoint le lundi 26 septembre, afin d’attirer l’attention sur les chocs futurs. Un accord de coopération a également été signé entre les deux institutions pour officialiser et renforcer leur collaboration.
Un siècle de crises et de transformations
Des élus locaux, régionaux et européens se sont réunis au Parlement européen à Bruxelles pour débattre de la manière dont les collectivités peuvent anticiper et répondre aux futurs chocs. Le EPRS y a présenté son étude « Future Shocks 2022 », exposant la diversité des risques auxquels l’Europe est confrontée, ainsi que des pistes de réponses politiques.
Les participants ont souligné la multiplicité des crises actuelles et des mutations à venir : pandémie, changement climatique, désengagement démocratique et populisme, changements démographiques, guerre, flux de réfugiés et crise énergétique.
Ces crises exacerbent les inégalités et la pauvreté, et plongent le monde dans une incertitude inédite depuis la Seconde Guerre mondiale.
« L’incertitude entrave le développement humain à l’échelle mondiale », a déclaré Fabrizio Rossi, secrétaire général du CCRE. « Pour la première fois de l’histoire, l’indice mondial de développement humain a reculé deux années consécutives. Cela signifie que dans de nombreux pays, le niveau de vie baisse et la qualité de vie se détériore. »
Younous Omarjee, député européen français et président de la commission du développement régional (REGI), a souligné que, au-delà des crises actuelles, de profonds changements structurels sont déjà en cours et s’amplifieront encore au XXIe siècle.
Parmi ces transformations :
- l’extinction de masse liée à l’Anthropocène,
- une « révolution démographique » (stagnation démographique en Europe, croissance africaine à 4 milliards d’habitants d’ici 2100),
- l’intensification des catastrophes naturelles,
- l’émergence de nouvelles puissances mondiales comme la Chine,
- et la révolution numérique et de l’IA.
Crises mondiales, impacts locaux
Des élus locaux de France, de Géorgie et de Malte ont illustré les conséquences concrètes de ces crises sur leurs territoires.
- Karine Gloanec Maurin, conseillère régionale du Centre-Val de Loire (France), a salué la rapidité du soutien européen à travers les fonds de cohésion pour répondre à la crise du COVID, bien plus rapide que lors de crises passées.
- Francine Farrugia, conseillère municipale de Siġġiewi (Malte), a rappelé que ces crises sont déjà vécues par les citoyens au quotidien, et que leur participation est indispensable à toute solution. Elle a mis en avant les efforts maltais pour limiter l’usage de la voiture et diversifier les sources d’énergie, ainsi que le rôle éducatif essentiel des collectivités :
« Il est important d’éduquer les citoyens sur les enjeux, les défis, et les solutions possibles au quotidien. »
- Magda Kostova, élue à Kutaisi (Géorgie), a décrit les défis spécifiques de sa ville – l’une des plus anciennes du monde – confrontée à la menace russe, à l’exode de la jeunesse qualifiée et à un besoin crucial de rapprochement avec l’UE. Elle a souligné l’importance des valeurs européennes pour l’avenir géorgien.
Allier expertise européenne et savoir local
Pour faire face à ces crises et transformations majeures, les décideurs ont besoin de recherches solides et adaptées. C’est pourquoi le CCRE et le EPRS ont signé un protocole d’accord pour renforcer leur collaboration.
« Je suis très heureux du bon partenariat développé entre le EPRS et le CCRE ces dernières années, et qui est désormais formalisé et renforcé pour l’avenir », a déclaré Étienne Bassot, directeur général par intérim du EPRS.
Les deux organisations échangeront régulièrement sur leurs priorités politiques, leurs travaux et leurs événements respectifs. Le CCRE contribuera aux recherches du EPRS via l’expérience des collectivités locales, et diffusera les études parlementaires pertinentes aux associations locales et régionales.

Secrétaire Général