Protéger la démocratie à l’ère numérique : le CCRE organise un événement sur la cyberviolence visant les femmes en politique
Le 21 mai 2025, le Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE) a réuni des décideurs politiques, des experts et des responsables locaux au sein d’ACE Events à Bruxelles pour mettre en lumière une menace croissante pour la démocratie : la cyberviolence ciblant les femmes en politique.
L’événement intitulé « Violences en ligne à l’encontre des femmes en politique : protéger la démocratie à l’ère numérique » a permis aux participants d’examiner les réalités du harcèlement, de l’intimidation et des abus numériques, qui touchent de manière disproportionnée les femmes engagées en politique. Ce phénomène, reconnu comme une forme de violence basée sur le genre, réduit au silence les voix féminines et menace les fondements mêmes de nos institutions démocratiques.
Définir les enjeux
S’appuyant sur l’étude du CCRE sur les femmes en politique, Annelies Coessens, chargée de mission pour l’égalité de genre, la diversité et les migrations, a souligné une réalité alarmante : 32 % des femmes politiques déclarent avoir subi des violences, et près d’une sur trois a été victime de cyberviolence. Ces chiffres illustrent les obstacles que rencontrent les femmes dans la vie publique.
Estela Bulku d’ONU Femmes a apporté une perspective mondiale, déclarant : « La violence à l’égard des femmes dépasse les écosystèmes politiques et les sociétés. Les nouvelles technologies créent de nouveaux canaux pour l’intimidation et le harcèlement. » Elle a cité des initiatives telles que la loi pionnière de la Bolivie contre le harcèlement politique, ainsi que les efforts menés au Brésil et au Zimbabwe en matière de sensibilisation et de renforcement des capacités.
Carina Ohlsson, rapporteure au Comité des Régions, a présenté la dimension locale du phénomène : « La cyberviolence est une nouvelle forme de violence fondée sur le genre, et elle affecte la démocratie. Il nous faut une législation solide et une action à tous les niveaux. Les hommes doivent faire partie de la discussion. » Elle a souligné le rôle des autorités locales dans la création d’espaces politiques sûrs.
Perspectives des médias et de la gouvernance locale
Shada Islam, commentatrice reconnue des affaires européennes, a partagé ses expériences personnelles de harcèlement en ligne, mettant en lumière le déséquilibre des pouvoirs dans l’espace public : « Dans ce monde, il n’y a pas d’impartialité. Nous devons toutes et tous devenir des défenseurs. » Elle a plaidé pour un renforcement de l’application des directives existantes, une attention particulière à l’intersectionnalité et le développement de la culture médiatique, notamment auprès des jeunes.
Flo Clucas, présidente de la Commission Égalité du CCRE et conseillère municipale au Royaume-Uni, a insisté sur le besoin crucial de faire appliquer les lois :
« Il n’y a pas d’application. Nous devons interpeller l’Union européenne, les Nations unies, tous les niveaux de gouvernement et les médias : cela doit cesser. Il faut de l’action. »
Elle a partagé des exemples d’initiatives locales au Royaume-Uni, notamment des partenariats avec les écoles, les familles et les institutions pour lutter contre les stéréotypes de genre et promouvoir le respect mutuel.
Perspectives européennes et actions locales
Ana Carla Pereira de la Commission européenne (DG JUST) a présenté la nouvelle directive européenne contre les violences faites aux femmes, avec un accent marqué sur la cyberviolence. Elle a souligné les difficultés liées au respect par les États membres, tout en mettant en avant la coopération volontaire avec les plateformes en ligne sur la modération des contenus.
« La baisse de la représentation féminine lors des dernières élections européennes est également un symptôme du recul démocratique », a-t-elle averti.
Elle a conclu en appelant les participants à contribuer aux consultations européennes en cours et à s’inspirer des initiatives locales et régionales. Le message final a été clair : protéger la participation des femmes à la vie politique n’est pas seulement une question de genre, c’est un impératif démocratique.
Responsabilité collective et prochaines étapes
L’initiative du CCRE visant à créer un Observatoire de l’égalité de genre a été largement saluée comme un outil indispensable pour suivre les tendances et partager les bonnes pratiques. L’événement a laissé une impression forte : la lutte contre la cyberviolence est une responsabilité partagée, qui requiert une législation efficace, une mobilisation citoyenne, une réforme des médias et une réflexion sociétale.
Comme l’a si bien résumé Flo Clucas :
« Il faut de l’action. Si ce n’est pas nous, qui alors ? »
Pour plus d’informations, contactez :

Chargée de mission Genre, Diversité et Migration