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Débat entre dirigeants locaux et européens : il est temps de renforcer la démocratie européenne par la base !


Avec la Conférence sur l’avenir de l’Europe, les citoyens du continent ont une opportunité unique d’organiser des événements locaux et de faire entendre leur voix pour orienter l’avenir de notre Union. Mais comment encourager la participation citoyenne ? Et quelle vision avons-nous des communes et régions dans l’Europe de demain ?

La semaine dernière, en amont de la réunion de notre Comité de pilotage, des élus locaux et régionaux, des hauts responsables européens et des représentants de la société civile ont pris part à un débat consacré précisément à ces questions.

Dubravka Šuica, vice-présidente de la Commission européenne en charge de la démocratie et de la démographie, a souligné que la démocratie européenne ne devait pas être un processus descendant. « Une fois maire, toujours maire », a-t-elle déclaré. « En tant qu’ancienne maire, je sais que toute politique commence au niveau local. »

Les maires et les dirigeants régionaux doivent faire entendre leur voix dans le cadre de la Conférence. La commissaire croate a reconnu qu’il était impossible de prédire l’issue de cette initiative, mais a insisté sur l’importance de réfléchir dès à présent à la manière d’ancrer la participation citoyenne dans la prise de décision.

Agir localement pour impliquer les citoyens

Impliquer les citoyens ordinaires dans les débats et décisions européens n’est cependant pas toujours facile. Ce qui se passe à Bruxelles ou à Strasbourg semble souvent lointain et abstrait. C’est pourquoi la ville française de Rennes a décidé d’impliquer les habitants à travers des projets municipaux.

Flavie Boukhenoufa, adjointe au maire de Rennes, a présenté Labo Europe, une structure visant à aider les citoyens à s’impliquer et à mieux comprendre l’Union européenne. Cette année, le « Labo » a lancé une campagne pour développer une Initiative citoyenne européenne (ICE) à Rennes. Les habitants peuvent soumettre leurs idées et participer à des débats en ligne pour contribuer à la proposition européenne de la ville.

La proposition finale sera présentée à l’occasion de la Journée de l’Europe, le 9 mai. « Nous voulons dialoguer non pas avec des experts, mais avec les citoyens, y compris ceux qui ne connaissent rien à l’UE », a expliqué Boukhenoufa. Inspirez-vous de cette initiative en consultant la vidéo et le site web du projet rennais.

Partout en Europe, les citoyens peuvent contribuer à la Conférence en organisant des événements locaux et en les inscrivant sur la plateforme officielle en ligne. Servane Metzger, membre du cabinet du Secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, a souligné l’importance de ces événements pour mobiliser les habitants et refléter les sensibilités régionales.

Elle a évoqué la possibilité de maintenir cette plateforme à l’avenir : « C’est un outil extrêmement puissant pour cartographier les événements. On peut facilement repérer ceux à proximité, ce qui nous permet d’atteindre les habitants, et pas seulement les spécialistes de l’UE. »

Quelle Europe pour demain ?

La santé de la démocratie européenne dépend aussi de l’état de la démocratie nationale et locale. La maire de Gdansk et présidente exécutive du CCRE, Aleksandra Dulkiewicz, a rappelé qu’il ne fallait jamais considérer la démocratie comme acquise et a appelé à protéger les prochaines élections européennes contre les menaces numériques et les ingérences extérieures.

Une démocratie locale dynamique peut également servir de rempart face aux dérives nationales. Dulkiewicz a appelé la Conférence à soutenir les ONG ainsi que les gouvernements locaux et régionaux pour contrer la montée de l’autoritarisme. « Ces deux piliers doivent être renforcés, car toute atteinte à la démocratie, à l’état de droit, aux droits humains ou à la transparence dans un État membre affecte l’ensemble de la communauté », a-t-elle déclaré.

Jordanka Fandakova, maire de Sofia et présidente exécutive du CCRE, a souligné l’importance de la fracture numérique, les zones rurales étant particulièrement touchées par le manque de connectivité. Elle a appelé à faire de l’accès égal à Internet une priorité. « Les stratégies numériques ne doivent pas uniquement viser les grandes villes, mais aussi prendre en compte les besoins des petites communes et communautés », a-t-elle insisté.

Nul ne peut prédire les résultats de la Conférence. Eva Maydell, députée européenne bulgare et présidente du Mouvement Européen International (MEI), a estimé que la pandémie a révélé la force de la solidarité européenne, mais aussi la nécessité de renforcer l’autonomie de notre continent. Elle a rappelé que l’Union ne pourra conserver la confiance des citoyens que si la Conférence débouche sur des résultats concrets : « Comme tout projet politique, l’UE repose sur une histoire et sur sa capacité à tenir les promesses faites à ses citoyens. »