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Pacte des Maires


Les maires mettent en lumière le rôle essentiel des villes lors d’une discussion avec la Commission européenne sur la crise énergétique et les objectifs climatiques

Article du Pacte des Maires

Le Conseil politique du Pacte des Maires a rencontré les directeurs généraux de la DG Énergie et de la DG Action pour le Climat de la Commission européenne les 29 et 30 mars. À cette occasion, les maires ont profité de l’urgence de la crise énergétique pour faire passer un message clair : les villes jouent un rôle clé pour réduire la dépendance de l’Europe au gaz russe tout en atteignant les objectifs de neutralité climatique de l’UE. Le soutien constant des institutions européennes aux villes reste donc indispensable.

La force du Pacte des Maires réside dans sa dimension politique, avec un conseil de dix maires issus de villes pionnières. Ce conseil se réunit régulièrement avec des représentants de haut niveau de la Commission européenne pour exprimer les besoins les plus urgents des villes. Cela permet un dialogue permanent entre les collectivités locales et les institutions européennes, en matière de climat et d’énergie.

Cette année, la crise énergétique a été au centre des échanges à Bruxelles, lors de la Conférence 2023 du Pacte des Maires et des réunions du conseil. Cette crise a mis en lumière le rôle crucial des villes dans la réalisation des objectifs européens – et les maires ont saisi cette occasion pour faire entendre leur voix.

Donner aux villes les moyens de faire face aux crises énergétique et climatique

« Notre réponse à la crise énergétique est aussi une réponse à la crise climatique. C’est l’objectif de RePowerEU : réduire notre dépendance à l’énergie russe tout en s’alignant sur le Pacte vert pour l’Europe. »
Ditte Juul Jørgensen, Directrice générale de l’énergie – Commission européenne

Lors de sa rencontre avec les maires, Ditte Juul Jørgensen a souligné l’importance des villes dans la mise en œuvre des objectifs de REPowerEU et du Pacte vert européen. Elle a mis en avant des initiatives comme la Cities Energy Saving Sprint, qui montre le potentiel d’action à l’échelle locale.

Elle a aussi insisté sur la nécessité de changements structurels au-delà des réussites de l’hiver passé, notamment via la réforme du marché de l’électricité, destinée à renforcer le rôle des consommateurs et des communautés locales. Dans cette perspective, les villes sont des partenaires clés.

Les maires ont salué le travail remarquable de la DG Énergie pour sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’Europe, tout en rappelant qu’ils ont été des acteurs fondamentaux dans cette réussite. Et, à ce titre, les villes doivent être associées durablement à la politique énergétique européenne.

Vers la neutralité climatique : les villes, moteurs du changement

Après la conférence du 30 mars, le Conseil a rencontré Kurt Vandenberghe, directeur général de la DG Climat. L’objectif de neutralité climatique d’ici 2050 et la mise en œuvre du Green Deal étaient au cœur des échanges.

M. Vandenberghe a lui aussi reconnu l’importance des villes et a sollicité leur retour sur plusieurs programmes les impliquant directement, tels que :

« Les villes sont des lieux d’innovation. Nous pouvons apprendre énormément de vous sur la mise en œuvre concrète des politiques européennes comme Fit for 55. »
Kurt Vandenberghe, Directeur général pour le climat – Commission européenne

Lors de ces deux rencontres, les maires ont affirmé que la crise énergétique représente une opportunité d’accélérer la transition énergétique locale. L’énergie est désormais une priorité politique européenne. Mais pour transformer cette impulsion en actions concrètes, les villes doivent recevoir un soutien adapté à tous les niveaux.

Les messages des maires aux deux directeurs généraux étaient concrets et clairs :

1. Les villes, clés de la mise en œuvre

Le message principal était limpide : sans les villes pour mettre en œuvre les politiques sur le terrain, l’Union européenne n’atteindra jamais ses objectifs.

Ce qui a véritablement donné le ton de la réunion, c’est le sentiment d’urgence : tous ont convenu que « le moment, c’est maintenant ». La mise en œuvre ne peut plus attendre, et les villes sont essentielles pour accélérer la transition sur le terrain. C’est là que le changement s’opère. À ce stade, il est crucial que l’UE capitalise sur ce potentiel et augmente son soutien aux villes.

2. Donner aux villes les moyens de mettre en œuvre la transition énergétique

Ce soutien accru devrait prendre plusieurs formes :

En plus du financement, une autre préoccupation majeure des maires concerne le manque de capacité, d’expertise et de compétences disponibles au niveau local pour mettre en œuvre la transition. Ils ont demandé à l’UE de les aider à recruter plus de personnel local pour le climat (#localstaff4climate), en soulignant deux grands obstacles à l’adoption des énergies renouvelables dans les territoires : le manque de ressources humaines et le déficit d’expertise.

Les maires ont suggéré que l’UE finance des agences régionales de l’énergie pour soutenir la transition énergétique locale. Ce type d’agences serait particulièrement utile pour les villes frontalières, en facilitant la réalisation de projets énergétiques transfrontaliers, actuellement très complexes. Cela renforcerait les producteurs locaux et régionaux, et par extension, les citoyens.

Ils ont demandé à l’UE des financements plus directs vers les collectivités locales pour des projets concrets. Ce financement devrait aussi être plus durable, au-delà des projets limités à 2 ou 3 ans.

3. Faire pression sur les gouvernements nationaux pour qu’ils coopèrent

Les gouvernements nationaux devraient jouer un rôle de soutien en canalisant les financements et les compétences. Or, ils deviennent souvent un obstacle — voire le principal obstacle — à l’action locale. Non seulement ils ne s’alignent pas toujours sur les niveaux locaux, mais parfois, ils retiennent les financements ou bloquent des initiatives pour des raisons politiques, comme l’a souligné le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski, en évoquant la montée du populisme dans certains gouvernements nationaux européens.

La Directrice générale de l’énergie, Ditte Juul Jørgensen, a reconnu l’importance de la mise à jour actuelle des Plans Nationaux Énergie-Climat (PNEC), et a rappelé l’article 11 du Règlement sur la gouvernance de l’Union de l’énergie et de l’action pour le climat, qui oblige les États membres à impliquer les collectivités locales dans ce processus via la mise en place de dialogues énergie-climat.

De son côté, le Directeur général pour le climat, Kurt Vandenberghe, a lui aussi mentionné ce règlement, en soulignant que sa révision prochaine constituait une opportunité pour renforcer le rôle des villes dans l’élaboration des politiques européennes. Il a rappelé que la Commission européenne demande également aux États membres de consulter les collectivités locales pour la mise en œuvre du Fonds social pour le climat.

Les maires ont donc appelé l’UE à faire respecter l’article 11 et à tenir les gouvernements nationaux responsables de sa mise en œuvre. Ils ont également demandé à l’UE de soutenir plus visiblement les efforts des villes dans l’application des objectifs et des étapes européennes, afin d’aider les villes à renforcer leurs ambitions et à affaiblir les oppositions qui peuvent venir du niveau national.

Source de l’article : Pacte des Maires (Covenant of Mayors)