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Comment les collectivités locales et régionales peuvent-elles lutter contre les violences et le harcèlement de la part de tiers sur le lieu de travail ?


Dans l’Union européenne, 41 % des employés travaillent en contact direct avec des usagers ou des clients. Parmi eux, 42 % – notamment des femmes – sont victimes de violence physique, d’agressions verbales ou de menaces de violence physique, provenant non pas de collègues, mais de tiers (par exemple, un agent municipal ciblé par du cyberharcèlement ou un enseignant agressé par un élève). Ces violences dites « de la part de tiers » affectent la santé et la sécurité des travailleurs ainsi que leur capacité à fournir des services publics de qualité.

Ces dernières années, ce type d’abus s’est fortement aggravé. L’émergence de nouvelles formes de travail, la montée en puissance des réseaux sociaux et le contexte de la pandémie de Covid-19 ont fortement contribué à l’augmentation des violences de tiers.

Une réponse européenne est indispensable pour lutter contre ces abus. C’est pourquoi les partenaires sociaux européens ont adopté en 2010 des lignes directrices multisectorielles. Mais ces dernières doivent être actualisées face aux défis posés par la pandémie, notamment pour les travailleurs de première ligne. Cet été, par exemple, des centres de vaccination ont été la cible de menaces et d’attaques en France et en Pologne.

Un atelier franco-européen pour échanger sur les solutions

Dans ce contexte, les partenaires sociaux, membres du CCRE (CEMR) et de la Fédération européenne des syndicats des services publics (FSESP/EPSU), se sont réunis le 16 septembre lors d’un atelier en ligne : « La violence de tiers sur le lieu de travail : politiques et accords des partenaires sociaux français ».

L’atelier a mis en lumière la situation en France, où, malgré un cadre législatif élaboré, employeurs comme salariés ignorent souvent les responsabilités et les mécanismes existants pour prévenir ou gérer ces violences.

Quelles solutions pour mettre fin aux violences de tiers ?

Des représentants des services de propreté, d’accueil, et des services d’urgence ont insisté sur l’importance :

  • de la sensibilisation et de la formation du personnel,
  • de la prévention via des chartes d’usagers,
  • de dispositifs de plainte et de soutien psychologique,
  • de l’appui d’experts en gestion de conflits.

Mads Samsing, président d’EPSU, a souligné l’importance du dialogue entre employeurs, salariés et citoyens :

« Le dialogue est essentiel pour arriver à des décisions utiles pour les autorités publiques. Il faut un bon nombre de salariés bien formés. »

Mais il a aussi souligné que les services publics ont besoin de moyens accrus pour faire face aux défis liés aux nouvelles technologies.

Quelles suites ? Le rôle des collectivités locales dans la mise à jour des lignes directrices

Concernant la France, Philippe Laurent, maire de Sceaux et président de l’AFCCRE, a regretté le manque de protection des agents publics par rapport au secteur privé. Il a appelé à :

  • partager les bonnes pratiques entre collectivités,
  • améliorer le dialogue social local.

« Il faut poursuivre cette prise de conscience. À ce titre, les échanges de bonnes pratiques que peuvent promouvoir le CCRE et l’EPSU sont particulièrement utiles. »

Gail MacGregor, porte-parole du CCRE et de COSLA, a quant à elle attiré l’attention sur les contraintes budgétaires :

« Les effets financiers du COVID-19 ont été sévères. Ils mettent une forte pression sur des budgets déjà restreints, et sur nos effectifs. Nous restons engagés en faveur du bien-être physique et mental de nos agents, mais les gouvernements nationaux doivent reconnaître cette pression extrême et investir davantage dans les collectivités locales. »

Mads Samsing a rejoint cette inquiétude, et a souligné que la mise à jour des lignes directrices doit impérativement inclure :

  • le harcèlement numérique,
  • de nouveaux outils de protection.

Un nouvel atelier, dédié aux violences basées sur le genre, s’est tenu le 24 septembre, afin d’actualiser les lignes directrices à la lumière des évolutions politiques et législatives récentes, notamment la Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement.

Source de données : Eurofound, 2020
Cet événement a eu lieu dans le cadre du projet conjoint CCRE-FSESP « Dialogue européen, solutions locales ».