Stefano Bonaccini : Des gouvernements locaux et régionaux forts sont essentiels pour lutter contre la COVID-19
Cet article d’opinion du président du CCRE, Stefano Bonaccini, a été publié pour la première fois par EUobserver.
La pandémie de COVID-19 représente une situation sans précédent pour la quasi-totalité des citoyens, des territoires et de l’Union européenne. À ce jour, plus d’un million d’Européens ont été infectés, et 100 000 sont décédés de cette maladie. Ces chiffres tragiques continueront malheureusement à augmenter dans les semaines et les mois à venir. Nos vies ont toutes été affectées d’une manière ou d’une autre.
En tant que président de la région italienne d’Émilie-Romagne et du Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), j’ai été témoin des efforts et des sacrifices de nos médecins, infirmiers, policiers, éboueurs, fonctionnaires, bénévoles et d’innombrables autres personnes qui luttent pour protéger nos citoyens et continuer à servir leur communauté.
Comme c’est souvent le cas en période de crise, les municipalités et les régions sont en première ligne face à cette pandémie. Elles continuent de fournir des services essentiels tout en faisant leur maximum pour limiter les risques de contamination. Parallèlement, les gouvernements locaux font face à des baisses de revenus considérables dues à l’effondrement de l’activité économique et à la fermeture de théâtres, musées et installations sportives. En Italie, les villes font face à une perte de revenus estimée à environ 3 milliards d’euros.
La solidarité mise à l’épreuve
Au moment où la solidarité était essentielle, la réaction initiale des États européens a été préoccupante. Des réflexes nationalistes ont émergé dans plusieurs pays, avec des embargos sur l’exportation de certains produits médicaux et même des manifestations de xénophobie. Tous les pays et niveaux de gouvernement de l’UE doivent désormais travailler ensemble pour combattre ce virus, qui ne respecte ni frontières ni nationalités, et rétablir le bien-être de notre continent.
Nous saluons la mobilisation rapide des ressources par les institutions européennes. Cependant, davantage d’efforts seront nécessaires pour surmonter cette crise et mieux se préparer à la prochaine. Le CCRE et ses membres sont engagés en faveur d’une Europe forte et unie, fondée sur l’action commune, des valeurs partagées et la solidarité.
Cohésion et réponse à la crise
Bien que la politique de cohésion de l’UE ne soit pas conçue pour répondre à des situations d’urgence, elle prouve dans cette crise son utilité en tant qu’expression concrète de solidarité européenne. La nouvelle initiative de la Commission européenne sur l’investissement en réponse au coronavirus (CRII), réaffectant des fonds de cohésion non dépensés pour aider les municipalités et régions, apportera un soutien précieux.
Cependant, ces nouvelles aides financières ne seront pas suffisantes et resteront marginales face aux vastes programmes de soutien national préparés par les États membres. Au-delà de l’urgence, le CCRE appelle la Commission à envisager des mesures exceptionnelles pour 2021 afin de garantir une continuité dans la réponse aux défis économiques et sociaux qui émergent.
Une réponse coordonnée
Plus largement, nous demandons à la Commission européenne de collaborer avec nous et les États membres pour inclure les associations nationales de gouvernements locaux et régionaux dans les groupes de travail à court et long terme liés au coronavirus. Pourquoi ? Parce que notre expertise, notre connaissance des réalités territoriales et nos contacts constants avec les responsables locaux et régionaux peuvent apporter une aide précieuse.
Dans tous les pays touchés, et en particulier parmi les plus gravement affectés, comme en Italie, où je peux en témoigner, une réponse coordonnée et un dialogue entre les villes, les régions et les gouvernements nationaux se révèlent essentiels.
Préparer un avenir durable
L’épreuve de la COVID-19 doit nous conduire à réfléchir sur nos politiques et nous inciter à préparer l’avenir. Répondre à la crise immédiate ne doit pas nous faire oublier la nécessité d’investir dans des secteurs d’avenir pour un futur prospère et durable. Le Pacte vert européen et la stratégie numérique européenne sont des étapes dans la bonne direction, et d’autres initiatives doivent suivre.
Cette crise illustre une fois de plus la nécessité d’une coordination internationale solide et de territoires résilients. L’Europe doit donc continuer à promouvoir la coopération verticale et horizontale entre tous les niveaux de gouvernement, ainsi que la réalisation des Objectifs de développement durable.
On dit souvent que l’Union européenne prend les mesures nécessaires lorsqu’elle est confrontée à une crise. Si cela est vrai, nous ne devons pas rester passifs face à cette tragédie en cours, mais en tirer le meilleur parti pour préparer un avenir plus sain et plus sûr. Il n’est pas trop tard pour nous unir et construire un futur durable fondé sur la solidarité.
Les municipalités et régions d’Europe sont prêtes à jouer leur rôle.
Secrétaire Général