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Saskia Bricmont: Il faut que, dorénavant, les politiques européennes soient « climate proof »Députée européenne récemment élue sur la liste des Verts européens, Saskia Bricmont revient sur les résultats des élections européennes et nous fait part de ses attentes pour les cinq années à venir.

Le taux de participation aux élections européennes est le plus élevé en 20 ans. Comment l’expliquez-vous ?

rnL’un des enjeux de ces élections était celui de la montée de l’extrême droite et de l’euroscepticisme. Mais cette vague brune s’est heurtée à une autre vague, verte cette fois, celle de la mobilisation d’une partie de la population pour le climat et les enjeux sous-jacents. 

rnLe taux de participation en hausse peut également s'expliquer par la communication menée par le Parlement européen qui, pour la première fois, a mis en place la campagne This time I’m voting. Une multitude de débats ont été organisé un peu partout en Europe, y compris par des parties prenantes comme le CCRE.

rnCette communication proactive et positive de la part des institutions sur le travail qui a été fait a permis de rendre l’Europe plus concrète et plus palpable pour les citoyens.

La représentation de femmes au Parlement européen a atteint 39%. Etes-vous satisfaite de ce résultat ?

rnEst-ce suffisant ? Je ne pense pas. Il faut plus de femmes en politique et il faut un équilibre femme-homme, pour que le Parlement soit le miroir de la société. 

rnEn même temps, il faut un meilleur équilibre des âges. Parce qu’aujourd’hui, la majorité des députés, ce sont des hommes de plus de 50 ans.

Alors que les discussions se poursuivent sur la répartition des grands postes européens, pensez-vous que les Etats respecteront la parité femme-homme ?  

rnEn 2014, on avait dit : on soutiendra une Commission où il y a 1/3 des femmes. Aujourd’hui, il faut un équilibre femme-homme au sein du collège des Commissaires et pourquoi pas une présidente de la Commission. 

rnAvoir un équilibre de genre dans les instances décisionnelles à tous les niveaux, ça peut faire changer les choses. Et les citoyens pourront plus facilement s’identifier à la classe politique actuelle.

Les partis europhobes ont réalisé un score historique dans plusieurs pays. Comment faire face à cette nouvelle réalité?

rnLes partis pros européens doivent travailler ensemble, s’unir autour d’un projet commun. Sans projet positif pour l’Europe, l’euroscepticisme et l’extrême droite gagneront du terrain. 

rnMais pour ce faire, il faut un changement de paradigme, une transition. Parce que le signal qui a été envoyé par les électeurs est d’engager la transition pour lutter contre le changement climatique. Nombreux sont ceux qui appellent à une autre manière d’envisager la politique, et à mettre la finance et l’économie au service du social et de l’environnemental, au service du bien être des gens.

Quelles sont vos priorités pour conduire cette transition ?

rnSur le plan européen, il faut financer la transition, à tous les niveaux, et adopter ce que l’on appelle le pacte finance climat. Cela permettrait par exemple aux collectivités territoriales d’accéder à des prêts à taux 0%, que ce soit via la banque européenne d’investissement ou une banque « climat ». 

rnIl s’agit donc d’actionner ici des leviers d’investissements concrets vers la transition énergétique : l’isolation des bâtiments, les énergies renouvelables, etc. 

rnEt puis, il convient de réorienter les fonds investis dans les énergies fossiles vers les secteurs des énergies renouvelables. Il faut accompagner les anciens secteurs d’activité et les faire transiter vers un nouveau modèle plus durable.
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Comment faciliter cette transition ?

rnAujourd’hui les valises budgétaires qui sont imposées par l’Europe aux communes ne permettent pas toujours d’investir dans la transition. Via la création d’une banque pour le climat, l’Europe peut mettre en place un mécanisme qui faciliterait ces investissements au niveau du territoire. 

rnL’UE peut aussi influencer positivement les choses en orientant les fonds de développement régional, en intégrant systématiquement des critères sociaux et environnementaux dans tous ces programmes.

Encore de nouveaux critères…

rnLes villes et communes doivent être accompagnées, ou en tout cas en avoir la possibilité. Il faudrait mettre en place des guides ou des coordinateurs territoriaux, comme c’est le cas pour la Convention des Maires. C’est-à-dire la possibilité d’un accompagnement, je pense notamment aux collectivités qui n’ont pas les moyens d’engager le personnel nécessaire à la mise en œuvre d’un programme ou d’un projet européen. 

Le commissaire chargé du climat a récemment proposé de consacrer 25 % du budget de l’UE à la lutte contre le réchauffement climatique. Est-ce suffisant ? 

rnDe manière générale, le budget européen doit être augmenté. Il n’est pas question de le diminuer, sinon l’UE serait vidée de son sens. Il faut qu’elle ait un budget propre de fonctionnement et d’investissement.

rn25% du budget, ce n’est pas suffisant. Chez les Verts, nous estimons qu’au moins 50% du budget européen doit être orienté vers la transition écologique, parce que toutes les politiques doivent intégrer cette transition.

rnA l’avenir, les politiques européennes doivent toutes être climate proof et intégrer une dimension durable. C’est ambitieux, mais nécessaire pour atteindre les objectifs de Paris et assurer un avenir durable pour toutes et tous.
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