Entretien avec la commissaire Mariya Gabriel sur le numérique dans les villes et régions C’est un fait : le numérique est en train de transformer nos sociétés et nos économies. Afin d’y faire face, l’UE s’attaque aux différents défis de la transition numérique : cybersécurité, compétences numériques ou protection des données.
rnPour mieux connaître les opportunités qu’offre la transition numérique aux villes et aux régions, le Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE) a discuté avec la Commissaire européenne à l'Économie et à la Société numériques, Mariya Gabriel.
La Commission européenne a récemment lancé le deuxième appel à participation au WIFI4EU, qui soutient l'installation de points d'accès wifi publics gratuits dans nos collectivités territoriales. Comment évaluerez-vous les résultats ?
rnNous avons lancé le deuxième appel le 7 novembre. Plus de 21 600 municipalités se sont inscrites pour demander des bons d'une valeur de 15 000 €, afin de créer des points d'accès Wi-Fi gratuits.
rnLes bons seront distribués selon le principe du premier arrivé, premier servi. Il y aura au moins 15 bons pour chaque Etat membre participant, ainsi que pour l’Islande et la Norvège.
rnJe suis ravie de constater l'intérêt que suscite ce programme. Cela montre l’importance vitale d’une connectivité numérique de haute qualité partout en Europe.
Pour la première fois, l’UE disposera du tout premier financement pour une « Europe numérique » avec un budget de 9,2 milliards d’euros. Quel est le but de ce programme ?
rnL'intelligence artificielle, le big data, les supercalculateurs ou la cybersécurité offrent de nombreuses opportunités aux entreprises, aux gouvernements et aux citoyens. Mais cela ne se produira que si nous soutenons leur disponibilité et leur déploiement à grande échelle. Cela se fera par le biais d'un soutien financier solide, mais aussi en envoyant un message politique fort : que l'Europe est unie dans la nécessité d'une stratégie coordonnée.
rnEn proposant un programme pour l’Europe numérique, nous montrons notre engagement pour que l’Europe reprenne la main dans ce domaine.
rnIl faut se rappeler que toutes ces technologies font partie d'un puzzle plus vaste – le Marché unique numérique – et qu'elles ont besoin de conditions politiques, économiques et de marchés appropriés pour prospérer.
Comment fonctionne ce programme ?
rnLe financement de l'UE sera complété par un financement des États membres et, si nécessaire, du secteur privé.
rnCe programme mettra l'accent sur des projets conçus pour tirer le meilleur parti de ces technologies numériques fondamentales dans la vie quotidienne. Par exemple, les superordinateurs pourraient être utilisés pour améliorer le diagnostic et la guérison des maladies.
rnPar ailleurs, chaque administration publique en Europe doit intégrer la numérisation pour développer des services publics, les rendant ainsi plus accessibles et moins coûteux pour le contribuable.
rnUn des principaux objectifs du nouveau programme est d'aider les entreprises à devenir plus numériques en utilisant davantage les technologies disponibles. Et cela ne s’applique pas uniquement à des sociétés spécialisées dans la technologie, mais à toutes les entreprises. Aujourd'hui, presque toutes les entreprises disposent d'un système de traitement de données et communiquent en ligne. Elles peuvent donc toutes tirer parti des nouvelles technologies en améliorant leurs produits, leurs services ou leurs procédures internes.
rnLe programme Europe numérique financera des pôles d'innovation numériques, au moins un dans chaque région de l'UE. Ces pôles numériques rassembleront des ressources, créeront des synergies et apporteront un savoir-faire aux entreprises, par exemple en testant de nouveaux outils ou en offrant tout simplement des conseils spécifiques.
Dans quelle mesure les villes sont-elles concernées par ce programme ?
rnLes villes sont souvent les bancs d’essai pour les nouveaux services numériques. En conséquence, le plan d’action de l’UE pour le déploiement de réseaux 5G très rapides prévoit que dans chaque pays au moins une ville avec 5G d’ici 2020. Cela permettra de pour essayer de nombreux nouveaux services qui sont possibles grâce au 5G. Le déploiement plus large des réseaux 5G transformera ensuite chaque ville en une ville intelligente.
rnJustement, le réseau de pôles d'innovation numérique que nous développons reposera largement sur les villes et rassemblera des universités, la recherche et des entreprises afin de stimuler l'innovation et le développement de nouveaux services numériques. Ces centres sont souvent situés dans des zones urbaines rassemblant les compétences autour des villes, même s'ils soutiennent également des emplois et la croissance dans la région.
Qu'en est-il des zones rurales et peu peuplées ?
rnBienentendu, nous sommes également conscients de la nécessité de soutenir le développement numérique dans des régions rurales et isolées. Nous ne pouvons pas nous permettre de les délaisser. Nous travaillons en particulier à améliorer la connectivité dans ces zones rurales, par le biais d'un plan d'action concret visant à intégrer également le haut débit et éventuellement la 5G.
Le Fonds européen de développement régional (FEDER) vise également à stimuler la numérisation. Comment une ville peut-elle savoir pour quel fonds elle devrait faire une demande ?
rnLe Fonds européen de développement régional (FEDER) a pour objectif de renforcer la cohésion économique et sociale dans l'UE, en corrigeant les déséquilibres entre ses régions. Cela comprend également la connectivité, l’utilisation des technologies numériques par les entreprises, etc.
rnD’autres programmes ont des objectifs différents. Par exemple, le programme « Europe numérique » vise à accroître la compétitivité internationale de l'UE, ainsi qu'à développer et à renforcer les capacités numériques stratégiques de l'Europe. Cela concerne notamment le calcul à haute performance, l'intelligence artificielle, la cybersécurité et les compétences numériques avancées. Ainsi, nous mettons davantage l’accent sur le renforcement des capacités et de leur utilisation. Ceci s’applique aux entreprises, mais aussi au secteur public, et ce dans tous les secteurs de l’économie et de la société.
rnLe programme Horizon Europe financera des projets de recherche et d'innovation importants pour les universités et les pôles de recherche appliquée souvent situés dans les villes. Il existe donc partout des opportunités pour les villes d'obtenir un soutien accru de l'UE.
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La cybersécurité est l'une des principales priorités de votre mandat. Comment proposez-vous de rassurer les citoyens et les administrations locales sur le fait que leurs données sont protégées afin qu'ils puissent surfer sur Internet en toute sécurité ?
rnSi nous voulons que l'avenir du numérique devienne une réalité, nous devons nous assurer que les citoyens puissent bien utiliser les services numériques et naviguer en toute sécurité.
rnEn ce qui concerne la cybersécurité, nous proposons, entre autres, un cadre de certification à l’échelle de l’UE. Cela contribuera à faire de la sécurité des produits et services une partie visible de l'offre.
rnLes fournisseurs peuvent signaler le niveau de sécurité, vérifié indépendamment, et les acheteurs auront plus de facilité à décider si quelque chose est suffisamment sécurisé pour répondre à leurs besoins.
rnDe même, de nouvelles règles européennes, entrées en vigueur cette année, exigent que chaque État membre dispose d'un centre de cybersécurité renforcé et de règles claires en matière de sécurité des réseaux et des systèmes d'information nationaux.
rnEntre-temps, le règlement général sur la protection des données (RGPD) entré en vigueur en 2018, va considérablement renforcer les règles sur l'utilisation des données à caractère personnel en Europe.
rnPar ailleurs, nous avons proposé un nouveau mandat renforcé pour notre agence ENISA.
rnNous travaillons également à rendre Internet plus sûr, par le biais de campagnes telles que #SaferInternet4EU et d'initiatives telles que Better Internet for Kids, qui collabore avec les enseignants et les parents pour combattre la cyberintimidation ou l'exposition à des contenus nuisibles.
Comment s’assurer qu'ils feront confiance à l'administration publique ?
rnEn ce qui concerne la confiance dans nos administrations publiques, le règlement sur l'identification électronique (eIDAS) définit le cadre juridique et les normes applicables à l'identification électronique et aux services de confiance qui responsabiliseront et protégeront les utilisateurs en ligne.
rnÀ la Commission, nous faisons beaucoup pour que les intentions se concrétisent. Je travaille avec mes collègues ministres des États membres pour qu'ils fassent de même avec leurs services publics, de sorte à avoir une meilleur et plus cohérente coopération.
Comment la Commission compte-t-elle encourager les administrations locales à adopter des outils d'intelligence artificielle afin de mieux répondre aux besoins des citoyens ?
rnLa Commission et les États membres ont clairement indiqué que l'augmentation des investissements dans l'intelligence artificielle constitue une priorité pour les années à venir. Pour cela, Nous sommes en train de finaliser un plan d'action coordonné définissant les prochaines mesures à mettre en place conjointement par l'UE et les États membres.
rnL'intelligence artificielle fera de plus en plus partie de nos vies et les avantages pour les administrations locales sont nombreux, notamment dans des domaines tels que les transports et les soins de santé.
rnCela peut aller de l’introduction de système de transport publics sans conducteur à l’amélioration des prévisions de circulation dans le cadre du processus de planification urbaine, en passant par l’intelligence artificielle pour améliorer le diagnostic ou le traitement des patients.
rnNous voyons déjà de nombreuses autorités publiques travailler au développement de projets utilisant l'intelligence artificielle. Le financement de l'UE est disponible pour soutenir ces efforts, via le programme de recherche ou les fonds régionaux, par exemple, ou, à l'avenir, par le biais du nouveau programme Europe numérique.
Vous avez déclaré dans une interview que l'avenir de l'Europe était inévitablement numérique. D’après vous, où est-ce que des progrès doivent encore être accomplis ?
rnLes 9 milliards d'euros que nous avons proposés pour le programme Europe numérique contribueront à développer les priorités essentielles au cœur du marché unique numérique : calcul à haute performance, intelligence artificielle, cybersécurité et confiance, développement des compétences numériques et garantie d'une large utilisation du numérique, dans l’économie et dans la société.
rnDes progrès dans ces domaines sont nécessaires. Si nous réussissons, cela apportera des avantages concrets à nos citoyens, car ces sujets sont essentiels pour que le numérique se développe davantage, que ce soit au niveau de la santé, de la finance ou du transport.
rnPour que notre avenir numérique soit une réussite, nous devons façonner une Europe numérique innovante, compétitive, inclusive et basée sur des valeurs. Une Europe numérique qui apporte des avantages, protège ses citoyens et les garde au centre de toutes les politiques.
Climate, Sustainable Finance Officer