Le secrétaire général du CCRE répond aux questions d’Acteurs publics sur la place du maire dans les différents pays européensFrédéric Vallier a été interviewé par Acteurs publics, l’un des principaux sites d’actualité publique française s'adressant quotidiennement à plus de 200 000 personnes. A ce titre, nous vous proposons une retranscription de son interview sur la place du maire dans les différents pays européens.
Quelle est la place du maire aujourd’hui dans les pays européens ?
rnLe maire reste le dernier rempart contre la crise. Celui vers qui les populations se tournent et qui doit assurer la cohésion sociale sur son territoire. Cette proximité est partout reconnue comme primordiale et n’est pas toujours aidée par la tendance au regroupement des communes, même si ce dernier peut être justifié au niveau économique. La fonction du maire se professionnalise dans tous les pays. On leur demande des compétences beaucoup plus pointues qu’avant alors que les États transfèrent des responsabilités au niveau local, en parallèle à la création d’intercommunalités.
Quelles particularités la France cultive-t-elle ?
rnDans beaucoup de pays européens, le cumul des mandats n’existe plus et la fonction de maire est reconnue comme étant de premier ordre. En France, il y a encore parfois ce mythe qui veut qu’un bon élu local soit aussi parlementaire. Sur ce point, nous sommes en retard. En Allemagne, les maires sont très actifs dans le débat politique. En Italie, le nouveau Premier ministre, Matteo Renzi, était maire de Florence. En France, les choses commencent à bouger avec l’interdiction du cumul des mandats. Des figures comme Bertrand Delanöe à Paris et Martine Aubry à Lille ont choisi de se consacrer uniquement à leur mandat local. Il est regrettable que certains continuent, malheureusement, à considérer le maire comme un élu de second rang.
Les modalités d’élection varient aussi d’un pays à l’autre…
rnC’est une autre différence forte entre les pays : comment le maire est élu et quels pouvoirs lui sont conférés. Dans certaines communes européennes, on élit seulement le maire, et dans une autre élection, le conseil municipal, à la proportionnelle. L’assemblée communale peut ainsi avoir une majorité différente de l’étiquette du maire. Ce partage impose le compromis, l’esprit de consensus, moins courant dans l’Hexagone.
Le développement d’intercommunalités est-il dangereux pour les maires ?
rnIl y a une tendance assez généralisée au regroupement et à la fusion de communes en Europe. L’intercommunalité permet de mettre en commun certains moyens pour développer de nouveaux services dont il est indispensable pour les maires de garder la maîtrise. Au Conseil des communes et régions d’Europe, nous estimons qu’il faut être très attentif à la situation de chaque pays et aux regroupements en cours. Dans certains pays, la superficie des nouvelles communes peut rendre difficile l’accès à un service public local. En Finlande, par exemple, l’État a fixé un nombre minimum d’habitants par commune, pour inciter à la fusion, mais n’a pas pris en compte l’éloignement des habitants par rapport aux services publics locaux. Cette question est cruciale, notamment dans les pays à faible densité démographique.
Quels sont les pays qui tirent leur épingle du jeu ?
rnLes bons élèves européens sont ceux qui arrivent à faire passer les réformes par la concertation, avec un vrai accord entre l’État et les collectivités. Tout passage en force risque de provoquer un braquage des élus locaux. Au Danemark, pays très pragmatique, la concertation a fonctionné. En Suède, aux Pays-Bas, en Écosse, de grands débats publics ont eu lieu. En Espagne, l’association des municipalités et provinces a été pleinement associée à la réforme. Ce sont autant de modèles à suivre.
rnPropos recueillis par Raphaël Moreaux
Climate, Sustainable Finance Officer