Rome – Bruxelles à vélo, par amour pour l’Europe et ses territoires : interview avec Lucia BruniTous les jours, des Européens prennent leur vélo pour aller au travail ou à l’école. Ce qui arrive moins souvent, c’est de se réveiller un matin et d’aller de Rome à Bruxelles à vélo. Pourtant, le 19 juin, une jeune femme d’Emilie-Romagne, Lucia Bruni, a relevé ce défi. Pourquoi ? Pour témoigner de son amour pour l’Europe et ses territoires, et pour commémorer le 60e anniversaire du traité de Rome. A son arrivée, le 5 juillet, le CCRE a eu la chance d’interviewer cette courageuse cycliste européenne. Voici un condensé de notre discussion :
1. Qu’est-ce qui vous a inspiré à entreprendre ce voyage ?
rnTout a commencé lors du 60e anniversaire du traité de Rome. A ce moment-là, je me suis dit qu’il était important de commémorer ce traité. Un traité qui a amené les Etats fondateurs à construire cette communauté et à suivre une vision qui était, au départ, partagée par beaucoup. La raison pour laquelle il était nécessaire de créer cette union politique était évidente.
rnMaintenant, je vois qu’il y a de nombreuses difficultés dans ce projet. J’ai lu des livres et des articles sur les problèmes de légitimité de l’UE aux yeux de ses citoyens et je pense que ce qui manque, c’est de la passion, un élément de participation émotionnelle à ce projet. J’ai donc décidé de contribuer à ce projet d’unité des peuples, des pays, des communautés et des territoires, de la façon que j’aime, c’est-à-dire à vélo. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de faire ce projet.
2. Votre voyage est guidé par un slogan. Pouvez-vous nous l’expliquer ?
rnOui, c’était « mon cœur pour le cœur de l’UE », ce qui signifie que le cœur est le moteur du vélo, et aussi la source des émotions, de la passion, et de la motivation. Cela signifie que je mets mon cœur au service du cœur de l’Europe. L’Europe doit avoir un cœur plus grand, avec plus de compassion, plus ouvert aux différences, aux autres problèmes du monde, pour la justice sociale, pour la paix et pour l’environnement. Je veux contribuer à ce genre de cœur.
3. Quelle a été votre rencontre la plus intéressante lors de ce voyage ?
rnJ’ai fait beaucoup de rencontres intéressantes. Peut-être que ma rencontre la plus intéressante était celle avec un juge à la Cour européenne de justice au Luxembourg. J’ai rencontré un juge et son équipe, des jeunes femmes qui travaillaient avec lui, qui m’ont dit qu’ils travaillent vraiment avec des idées pour changer le monde, pour contribuer à un monde meilleur.
rnLes institutions européennes sont souvent perçues comme étant éloignées de la réalité, mais grâce à mes rencontres, je peux témoigner qu’il y a des personnes qui y travaillent, avec des idées, pour améliorer la vie des citoyens européens.
4. Y a-t-il une commune ou une région européenne sur votre parcours qui vous a particulièrement plu ?
rnOui, j’ai adoré les Alpes bien sûr, mais aussi les régions entre l’Allemagne et la France, la vallée de la Sarre, qui a longtemps été une source de conflit entre la France et l’Allemagne pour les mines et l’industrie ; mais qui est ensuite devenue un modèle de coopération internationale.
5. Que retenez-vous de votre voyage ?
rnJ’ai vu que les gens dans tous ces pays sont assez similaires. J’ai entendu différentes langues mais j’ai vu les mêmes personnes. Des gens qui vivent, qui travaillent, qui s’occupent de leur famille, leur maison, leur jardin, leurs animaux, leurs enfants, leur vélo… J’ai vu qu’il n’y avait pas de raison de voir en l’autre un ennemi, car nous sommes tous les mêmes, avec les mêmes besoins et aspirations. Mon intention était de dire que les biens communs, tels que l’environnement ou la paix, ont besoin d’être protégés de façon commune.
6. Combien de fois êtes-vous tombée ?
rnJe suis tombée deux fois. Une fois je me suis fait un peu mal parce que je ne regardai pas où il fallait, je regardai mon GPS et j’ai oublié de me décrocher de la pédale. Mais rien de grave ! J’ai continué jusqu’à atteindre la destination de mon voyage.
Climate, Sustainable Finance Officer