Interview avec le député européen Jan Olbrycht : « Nous devons reconnaître et graver dans le marbre l’importance des villes »Le temps est venu d’attribuer un rôle officiel aux villes. C’est ce que de nombreux députés européens ambitionnent de mettre en avant dans un rapport sur « Le rôle des villes dans le cadre institutionnel de l’Union ».
rnLe CCRE a échangé avec le député européen Jan Olbrycht sur le besoin de créer une base légale permettant aux villes et à leurs associations représentatives de participer formellement et systématiquement au processus décisionnel européen.
Pouvez-vous expliquer d’où vient l’initiative de ce rapport pour renforcer le rôle des villes ?
rnL'initiative de rédiger un rapport sur le rôle des collectivités dans le processus décisionnel de l’UE est venue de M. Kazimierz Michał Ujazdowski, député européen et professeur de droit. Il a reconnu qu'il était nécessaire de renforcer le rôle des villes dans le cadre de l'UE, c’est pourquoi il a proposé que la commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen (AFCO) travaille sur cette question. Etant donné que ce rapport concerne les villes, la commission du développement régional (REGI) a naturellement eu l'occasion de présenter son avis.
En tant que rapporteur d'opinion de la commission REGI, quelles sont vos principales propositions ?
rnL'Union européenne est confrontée à de nouveaux défis mondiaux et, par conséquent, ses villes et ses régions doivent répondre à de nombreux problèmes de manière urgente. C'est pourquoi la dimension urbaine devient de plus en plus visible dans différentes politiques européennes. Des initiatives telles que le réseau de développement urbain, le prix « Capitale verte de l'Europe », ou la Convention des maires, en sont des exemples concrets. C'est pourquoi nous devons reconnaître et graver dans le marbre l'importance des villes, notamment après la mise en œuvre de l'Agenda urbain pour l'UE.
Quelle est la valeur ajoutée d'une implication des associations de collectivités dans des groupes d'experts de la Commission et du Conseil ?
rnActuellement, le CCRE ou EUROCITIES sont des générateurs d'opinion clés pour toute question liée aux villes. C'était déjà le cas même avant la création du Comité européen des régions (CdR), car le CCRE fut créé quatre décennies plus tôt. Le rôle de ces associations est très important, c’est la raison pour laquelle elles ne devraient pas seulement être invitées à présenter leurs points de vue de temps en temps, mais plutôt devenir des partenaires permanents dans les consultations des politiques de l'UE.
D’après vous, comment un partenariat formel et systématique peut-il bénéficier au processus décisionnel de l'UE dans d'autres politiques ?
rnL'intérêt pour les villes n'est pas seulement présent dans la politique de cohésion. La dimension urbaine est visible dans les politiques liées au transport, aux affaires sociales ou à l’environnement, pour n'en citer que quelques-unes. Par conséquent, les consultations permanentes avec les villes et les associations qui les représentent ne devraient pas concerner uniquement les fonds structurels et d'investissement européens, mais différents éléments dans d'autres politiques.
Les institutions européennes discutent actuellement du besoin de fonds pour financer les nouvelles priorités de l'UE (lutte contre le terrorisme, changement climatique, migration, etc.). Comment la politique régionale peut-elle être pertinente pour aider l'UE à faire face à ces futurs défis ?
rnLa politique de cohésion au-delà de 2020 sera façonnée en fonction des besoins les plus urgents. Par ailleurs, l'allocation des fonds dépendra de facteurs liés à l'atténuation du changement climatique ou aux conséquences de la migration. C’est pourquoi la politique de cohésion devra rester l'instrument clé de l'UE pour réduire les disparités entre les différentes régions.
D’après vous, quel impact aura le Brexit dans la proposition de la Commission sur l’avenir du budget de l'UE ?
rnSans aucun doute, le financement disponible pour les politiques communes, y compris la cohésion, diminuera à cause du Brexit. Et bien entendu, cela pourrait avoir un impact négatif sur cette politique. Mais je suis certain que les États membres ne lâcheront ni le cadre ni les fonds actuels de la politique de cohésion.
Climate, Sustainable Finance Officer