Interview: la maire de Sala sur l’avenir de la politique de cohésionQu’arrivera-t-il à la politique de cohésion lors de la prochaine révision du budget de l’UE en 2020 ? Maintenant que les discussions ont été lancées, nous avons discutez avec la maire de Sala (SALAR, Suède) et porte-parole du CCRE sur la politique de cohésion, Carola Gunnarsson, à propos de ses attentes et ses demandes sur la future politique de cohésion.
De manière générale, quels projets sont financés par la politique de cohésion en Suède ?
rnEn Suède, nous avons développé des projets pour améliorer la compétitivité des PME, en investissant dans le capital humain, dans des domaines tels que l’agriculture ou la pêche.
rnUn autre point majeur pour nous est la lutte contre le décrochage scolaire. Malheureusement, les étudiants qui quittent le système scolaire sans diplôme risquent d’être exclus du marché du travail. Avec le soutien du Fonds social européen (FSE), nous avons mis en place des projets qui combinent un suivi personnel des étudiants avec des actions qui ciblent les communes et les écoles. Par exemple, en ouvrant de nouvelles écoles secondaires supérieures. Au total, 50 municipalités ont été impliquées dans ce projet.
Et dans votre commune ?
rnEn ce qui concerne ma municipalité, ces dernières années, nous avons fait particulièrement attention aux échanges entre les étudiants et les enseignants dans les pays européens. Mais aujourd’hui, à Sala, il est vital de financer deux domaines : l’intégration des demandeurs d’asile (la Suède a dû relocaliser 4469 demandeurs d’asile, en accord avec les autres Etats membres de l’UE) et la formation des employés du secteur de la protection sociale.
En tant que maire d’une petite ville, quels sont les obstacles que vous rencontrez quand vous demandez un financement de la politique de cohésion ?
rnMalheureusement, les priorités de l’UE ne sont pas toujours adaptées à nos besoins, car trop souvent, les fonds sont assignés de façon uniforme au niveau de l’UE. Voilà pourquoi je suis convaincue que les villes et les régions doivent davantage être impliquées dans la prochaine période de programmation. Par exemple, en s’assurant que la sélection des priorités dans la future politique de cohésion est directement déterminée par les autorités régionales compétentes, en accord avec le niveau local. De cette façon, les priorités peuvent être taillées sur mesure pour répondre au mieux aux besoins des citoyens.
rnAu-delà de ça, il y a trop de différents niveaux de gestion des fonds structurels en ce moment, trop de superpositions, d’instruments et de fonds. Définitivement, les contraintes administratives sont bien trop lourdes pour des petites communes.
Quels problèmes avez-vous rencontré dans l’utilisation des fonds de cohésion ?
rnL’administration prend beaucoup temps et elle est très complexe. Je crois que c’est dû à un manque de confiance entre le niveau local et l’UE.
rnBien sûr, des améliorations sont possibles, comme la simplification des procédures. Ceci est essentiel pour l’avenir.
Les débats sur la politique de cohésion ont été lancé. Pourquoi croyez-vous qu’elle doit continuer ?
rnLa politique de cohésion est un instrument qui montre aux citoyens que l’UE se soucie d’eux. Elle pourrait aider l’UE à retrouver la confiance de ses citoyens. C’est également un outil qui permet à toutes les sphères de gouvernance de faire équipe pour s’attaquer aux défis de notre époque.
rnC’est au niveau local que l’UE fait la différence pour les citoyens. Il est donc essentiel que toutes les régions, quelle que soit leur taille ou leur niveau de développement, au sein de l’UE, continuent à être couvertes par la politique de cohésion au-delà de 2020. De plus, cela doit venir avec un budget adéquat afin de pouvoir répondre aux tests auxquels sont confrontés l’Europe et ses territoires : la digitalisation, la migration, l’emploi ou l’économie circulaire.
Quelles sont vos attentes pour la prochaine période de programmation ?
rnJe pense que la prochaine politique de cohésion devrait avoir des règles plus flexibles afin de pouvoir adapter le choix d’investissement à chaque contexte territorial.
rnQui plus est, les priorités d’investissement devraient être déterminées selon les besoins locaux et régionaux. Par exemple, en Suède, les villes et les régions sont confrontées à la migration. Dans ce sens, la future politique de cohésion devrait nous soutenir afin d’intégrer nos nouveaux habitants à la société et créer le meilleur environnement possible pour qu’ils puissent trouver des emplois.
L’UE soutient plusieurs agendas mondiaux (Habitat III, Accords de Paris), qui soulignent le rôle des collectivités dans les défis internationaux. Comment la future politique de cohésion peut-elle aider les collectivités à répondre à ces engagements ?
rn De toute évidence, les gouvernements locaux et régionaux endossent un rôle plus important dans la politique au niveau mondial.
rnLa politique de cohésion devrait aider le niveau local à jouer un rôle de taille dans l’agenda mondial. De quelle façon ? Par exemple, elle devrait s’inscrire dans les objectifs déjà établis pour 2030 pour certaines politiques de l’UE et dans des accords internationaux signés par l’UE, tels que les Accords des Paris sur le climat et Habitat III. Cela donnerait une orientation stratégique à la politique de cohésion et aiderait à stimuler les progrès de l’UE au niveau international.
Quel rôle peut jouer le CCRE dans les discussions au niveau européen ?
rnJe pense que le CCRE joue un rôle très important dans la discussion au niveau européen en tant que représentant du niveau local dans toute l’Europe. Personne d’autre n’est autant en contact avec les élus locaux partout en Europe. Le niveau local est celui qui est le plus proche des citoyens, et j’espère que les institutions européennes se rendront compte qu’il est d’une grande importance de coopérer avec le CCRE si elles veulent créer une politique de cohésion réussie pour l’avenir.
Comment l’Alliance Cohésion contribue-t-elle à ces débats ?
rnL’Alliance Cohésion est un réseau important et un lieu de rencontre pour ceux impliqués dans la politique de cohésion, afin de rendre notre voix plus forte. Elle a été lancée officiellement en octobre, lors de la Semaine européenne des régions et des villes, par les principales associations européennes de collectivités locales (dont le CCRE) et le Comité européen des régions (CdR).
rnA travers cette alliance, les maires et élus régionaux veulent garder une politique de cohésion forte qui est capable de répondre aux besoins de nos citoyens. Des gouvernements nationaux et locaux aux PME, ONG, écoles et universités, tous ceux qui veulent que la politique de cohésion reste en vie sont invités à rejoindre cette alliance, en signant la déclaration officielle.
Climate, Sustainable Finance Officer