Pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, l’UE doit rester cohérenteDans le cadre de son 10e anniversaire, PLATFORMA a signé un accord média avec Euractiv, afin d'évaluer le rôle de la coopération entre villes dans l'UE pour l'après 2020. Cet article d'opinion fait partie du rapport spécial d'Euractiv intitulé "Coopération décentralisée : quel avenir pour les collectivités locales dans la politique de développement de l'UE au dela de 2020?"
rnBonne nouvelle pour tous les défenseurs des politiques de développement : la coopération au développement entre villes restera au cœur de l’action extérieure de l'Union européenne. De même, l’implémentation des objectifs de développement durable (ODD) reste une priorité au niveau européen, écrit Frédéric Vallier.
rnEn effet, l’Agenda 2030 pour le développement durable, qui sera au cœur de l’aide européenne au développement dans les années à venir, accorde clairement un rôle central aux collectivités territoriales. Contrairement aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Agenda 2030 souligne l’importance de la mise en œuvre au niveau local et le besoin de faire participer tous les acteurs locaux.
Des pas en avant
rnPour y parvenir, les villes et régions ont travaillé main dans la main afin d’obtenir la reconnaissance de leur rôle. Grâce à cela, la plupart des 17 objectifs mondiaux de l’ONU les concernent directement ou indirectement.
rnEtant le niveau de gouvernance le plus proche des citoyens, les villes et les régions sont les mieux placées pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies de développement locales, en coopération avec leurs partenaires de la société civile et du secteur privé.
rnCe rôle est clairement énoncé dans le nouveau consensus européen pour le développement, adopté en 2017, et qui vient en soutient de la communication de l'UE de 2013 sur l'autonomisation des villes et régions dans les pays partenaires.
rnEn outre, la coopération entre villes – ou coopération décentralisée – est clairement mentionnée en tant que modèle d’aide au développement contribuant à la mise en œuvre des ODD. Mais malheureusement, le passage des paroles aux actes n’est pas toujours effectif et la situation est très différente lorsque nous observons les cadres politiques de l’UE.
Des pas en arrière
rnDans le mandat adopté par l'UE pour négocier l’avenir du partenariat avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), plus connu à Bruxelles sous l’appellation l de « cadre post-Cotonou », les villes et les régions sont marginalisées.
rnC’est le cas, par exemple, des questions clés telles que le dialogue politique et la programmation des projets de coopération de l'UE dans les pays ACP, dont elles sont complètement absentes. Cette approche représente un vrai pas en arrière par rapport à l’accord de Cotonou actuel.
rnCet accord stipule clairement que les gouvernements locaux et régionaux ont un rôle complémentaire à jouer et doivent être informés et impliqués dans les consultations, bénéficier d'un renforcement des capacités et de soutien financier et, enfin, doivent pouvoir participer à la mise en œuvre des projets et des programmes.
rnAlors que beaucoup d’aspects auraient pu être améliorés concernant le rôle des villes et régions dans le partenariat UE-ACP, l’accord de Cotonou pour l’après 2020 ne devrait certainement pas aggraver les choses !
rnLa proposition de la Commission européenne relative au cadre financier pluriannuel (CFP) pose une autre contradiction entre les engagements européens et internationaux concernant le rôle des villes et des régions dans le cadre de l’Agenda 2030 et de son application.
rnCe cadre, qui définira les orientations et les instruments financiers de l’UE entre 2021 et 2027, comprendra très probablement un nouvel instrument destiné aux pays en voie de développement et aux pays voisins de l’UE.
rnBien que la proposition mentionne le rôle des villes et des régions sur différentes questions, elle n’explique pas comment l’UE les soutiendra concrètement. Ceci représente un pas en arrière par rapport à la situation actuelle où les collectivités et la société civile disposent d'un instrument financier spécifique.
rnEn outre, bien que les villes et les régions soient considérées comme des parties prenantes essentielles de la gouvernance urbaine, elles sont absentes de la perspective de la Commission sur les grands défis où elles jouent effectivement un rôle stratégique. En effet : concernant la migration, le secteur privé, le changement climatique et d’autres questions clés liées au succès des ODD, les collectivités n’ont pas été prises en compte.
rnIl est temps que les institutions européennes comprennent que les villes et les régions sont cruciales dans la mise en œuvre de tous les objectifs de développement durable, bien au-delà des questions urbaines !
Frédéric Vallier, secretaire général du Conseil des Communes et Régions d'Europe, partneraire de PLATFORMA.
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Climate, Sustainable Finance Officer